Le rationnel et l’irrationnel
L’accès aux facultés extrasensorielles remet en cause les limites que l’on trace habituellement entre rationnel et irrationnel. Mais d’abord, comment définir l’irrationnel ? Le dictionnaire indique : « qui n’appartient pas au domaine de la raison, ne provient pas du raisonnement. Ce qui dépasse l’intellect, qui n’est pas conforme à la logique ou au bon sens ».
Le paranormal appartient donc sans équivoque à l’irrationnel : nous ne pouvons pas le maîtriser par l’intellect, les messages défient la logique et le sens commun, les symbolismes archétypaux n’obéissent pas aux règles de la raison. Ils dérogent aux principes mêmes du raisonnement, qui s’inscrivent dans les rapports temporels et la relation de cause à effet ; celle-ci est remplacée par des parentés symboliques et des « affinités énergétiques »…
Il faut bien distinguer cet aspect transcendant de l’irrationnel, de ce qui peut être simple contradiction logique ou défi au bon sens. Le fait que l’on désigne ces deux aspects du désaccord avec la raison par un seul et même mot révèle à quel point le paranormal est incompris dans notre culture.
Le rationalisme ambiant s’est conforté en reléguant le transcendant au rang de l’illogique, de l’absurde, de l’occulte : tragique confusion qui enferme notre culture dans la cage stérile du mental à outrance. Les rationalistes auraient dû commencer par se poser la question suivante : est-ce que la logique régit nécessairement tout le champ de notre psyché ? S’applique-t-elle à tous les aspects de la conscience ?
Elle est sans aucun doute universelle, en ce sens qu’elle est présente dans toutes les cultures et qu’elle fait ses preuves chaque fois qu’il s’agit de prévoir l’évolution d’une conjoncture ou de résoudre un problème. Mais cette même logique est-elle valable dans les régions plus subtiles de la conscience, par exemple lorsqu’il s’agit d’intuition, d’amour, d’interprétation des rêves ?
La question est encore plus impérative lorsque les phénomènes extrasensoriels se multiplient et retrouvent une fréquence plus proche de ce qui était apparemment le cas dans le contexte naturel. On découvre que c’est une autre forme de logique qui s’applique à l’interprétation des messages : non plus la logique de l’affirmation-négation et du tiers exclu, maîtresse d’œuvre dans le champ de l’intellect, mais une logique de l’interrogation-syntonie qui dépasse de loin l’alternative binaire.
Cette autre logique nécessite un véritable apprentissage, qui se produirait certainement dès l’enfance dans des conditions de développement naturelles, mais qui peut se rattraper a posteriori. La redécouvrir en soi est l’un des grands défis du cours de formation.